Le Parfum

Publié le par La Betise


J'ai évidemment lu le roman, comme bon nombre...
Autant dire que voir l'adaptation filmée ici, aux Etats-Unis, était pour moi un peu compliquée, alors certes, je me suis laissé tenter par un visionnage via des moyens moins "légaux"... Bref, comme bon nombre, je me suis aussi dit à moi-même "forcément le film sera moins bien"...
Il l'est.
Mais je ne crois pas, en réalité, que la comparaison puisse effectivement se faire...
Les deux façons de le dire faisaient appel à des émotions différentes, des sens pas vraiment les mêmes !
Alors, si l'on me demande si j'ai aimé le bouquin, je réponds "oui", sans hésitation, bien que longtemps après l'avoir dévoré, je ne me souvenais plus en réalité de l'histoire en elle-même. On connait la force de ce livre, cette inouïe manière qu'a eu l'auteur de nous transmettre, au delà des émotions, la facilité de ressentir... Ressentir, le mot est juste, tant les parfums, sans cesse présents, et sève principale de toutes ces pages, on su être dépeints, quasi instillés dans les lignes du roman... L'histoire en elle-même, je ne l'avais pas retenue, ou alors au gré de quelques bribes.
Puis, si l'on me demande ce que j'ai pensé du film, je dirais, "oui, j'ai adoré". Je ne m'en cache pas, il est bon et plus que "léché".
Je ne m'attendais pas à retrouver toutes les sensations olfactives du livre de Süskind, j'avais raison, pour ma part, à aucun instant, je n'ai eu ce sentiment d'envoûtement comme à la lecture, je n'ai pas eu ces réactions assez géniales, sortir de la pellicule pour presque respirer les scènes déployées devant moi. Ce fut le cas lors de ma lecture, à chaque bout de phrase, je me souviens parfaitement la sensation sublîme du dehors des mots lus. Et c'est étrange, j'ai un souvenir très particulier du bouquin, la description d'un citron, de son odeur, etc... Peut-être ce passage n'existe-t-il pas, peut-être l'ai-je agrémenté moi-même, en tout cas, je ne l'ai pas retrouvé dans le film...
Bref, le film est assez génial en ce sens qu'il ne semble pas avoir voulu reproduire à tout prix les sensations aussi pures des parfums égrainés tout au long. Enfin, cela est mon impression, j'ai lu une interview du réalisateur qui se vantait de tout l'inverse. Génial parce que là où nos narines étaient mises à contribution dans le livre, ici, ce sont nos yeux qui le sont. Alors, on me dira, n'est-ce pas ce que l'on demande là au cinéma ? Certes, le film n'a pas cette force de pouvoir nous transposer au delà du premier sens appelé, la vue... Mais tout de même, j'ai trouvé que tous les hommages faits aux senteurs dans le livre avaient été relatés, dans le film, via l'esthétisme assez pur des scènes et images.
Les plans arrêtés sont de toute splendeur, limite des toiles exposées, chaque meurtre (puisqu'il s'agit aussi de cela : l'histoire d'un meurtrier) découvert, une victime étendue, est une pure merveille de couleur et de sensualité...



J'ai lu, par ci par là, que la voix du narrateur, omniprésente, pouvait être dérangeante au spectateur. personnellement, j'en ai très vite fait abstraction. Je me souviens du peu de dialogues dans le roman, du mutisme propre à Grenouille, "héros" de l'histoire... On aurait pu faire bien pire, et exploiter des pistes bien plus navrantes que celle du narrateur comme "maître" de la construction du film...
En somme, j'ai aimé ce film, non plus pour ce que j'avais ressenti avec le livre, mais pour son originalité esthétique, principalement.
Pour être totalement honnête, l'histoire ne m'a encore pas fasciné, je trouve même le principe de base franchement "alambiqué"... La scène finale m'a déplue, trop attendue, et surtout, beaucoup moins intime que tout le reste du film. Pour ceux qui l'ont vu ou sont en passe de le voir, je ne délivrerai rien de l'histoire ou de la scène en question, mais je ne parle pas ici "d'intime" en rapport avec la scène en elle-même, au premier degré... Le principal atout de ce film est sensuel, pudique et silencieux... Il ne dit pas mais inspire, oui, jusqu'à ce final assez grotesque à mon goût.
Pour résumé, le film est à voir, ce n'est pas non plus un chef d'oeuvre, mais il mérite le détour. Et puis, l'acteur principal est, il faut l'admettre, sublime....

Publié dans Cinoche

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