L'homme à la tête en dedans

Publié le par La Betise

Moi, je suis un homme qui porte la tête en dedans de ses épaules, je suis un homme qui se tient debout, les pieds à l'intérieur, et les manches pour recouvrir la moitié de ses mains.Si je suis un homme, et j'apprends à moins en douter, alors je suis celui qui tire une langue timide lorsqu'il est occupé à des affaires d'inspirations maladroites...

Moi, je suis un homme qui ne se dit pas en courage, ou en fronde, un bougre de soldat qui, devant l'étalage, l'attaque ou l'arbitrage des mauvais sentiments, ne saura jamais se mettre en révolution.

Je le sais bien, je le vois bien, que je suis vivant malgré cela, les fracas ou déshonneurs, les disgrâces ou contrecoeurs, oui, il n'est même pas rien d'exceptionnel à cela, j'admets alors l'affreuse démesure, narcissique de le livrer ainsi.

Un petit homme qui avançait la tête en dedans de ses épaules, qu'il n'avait pas larges, qu'il n'avait pas rondes ou grasses. Le front démesuré à maudire deux yeux d'un bleu fuyant, les lèvres décousues en mire de deux fossettes abîmées, le nez complice de quelques rides, des cernes à souligner quelques larmes ou une fatigue lattente. Un petit homme, soldat de rien, que les bourrasques ne sont plus, que les impatiences n'ont plus d'égales.

Je voudrais la stature légère ou massive, l'expression maline et assumée, je voudrais les pieds sur terre, le regard fixe et le sourire franc. Je voudrais des années à refaire, du temps à dégager et de l'accord pour ambition, finir les ébauches, en découdre des foutus tisseurs de l'impensable. Je voudrais une nouvelle position, un meilleur rendu. Je voudrais que l'enfant aux yeux remplis de sommeil puisse enfin vivre, pour remplacer les rêves et l'en dehors, pour retaurer les vérités et l'intérieur.

Je voudrais que l'on m'aime, non pas pour ce que je démontrerai, ni pour ce qui se dégagera de moi, mais d'avantage pour le fruit jamais goûté, la sève jamais sirotée, les parfums jamais envoûtés...

Je suis l'homme et sa tête en dedans des épaules, cela me va, cela me sied, cela fait que moi, ce ne sera jamais d'eux.


Publié dans Ego

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